Quid de l'export ?
Posté le Wednesday 24 Dec 2014 par thomas. Il y a 65 Commentaires
Depuis le début de l’année, le rythme est soutenu et je ne prends pas assez le temps de partager sur ce blog tout ce qu’on met en place pour vous suivre et durer. Parce que vous avez été si nombreux à avoir enrichi notre réflexion pour l’union fait la France en janvier dernier (dont je vais vous reparler dans quelques jours), j’ai à nouveau besoin de me poser pour vous poser… une question.
Lorsque j’ai créé 1083 il y a 2 ans, c’est parce que j’ai compris que la proximité nous rendait meilleur. Qu’on le veuille ou non, le fait de connaître et de comprendre ce que l’on fait, nous change. Et je me suis donc dit qu’en fabricant à proximité de vous et de mes partenaires, on (se) ferait du mieux. Dans cette logique de proximité, lorsqu’on me demande si on est intéressé par l’export, je réponds invariablement que j’adore les échanges mais que si on regrette d’acheter en France des produits du bout du monde que l’on peut fabriquer localement, l’inverse n’a pas plus de sens… imparable me semble-il. Sauf qu’à force d’échanger sur le sujet, je m’interroge sur le bon sens de ma remarque…
Quels sont les problèmes de la mondialisation. Les transports qu’elle engendre ? L’uniformisation des cultures ? Notre perte de maitrise ? La concentration des pouvoirs économiques ? Un peu tout ça et il y a en d’autres, mais la mondialisation c’est aussi le plaisir de découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles assiettes, de nouveaux paysages, de nouvelles personnes en France, à l’étranger, ou à la télé d’ailleurs ! Du coup la proximité, ça se compte en kilomètres ? en secondes ? en intermédiaires ? Pas simple en fait...
Petit à petit je réalise que ma remarque (si on regrette d’acheter en France des produits du bout du monde alors même qu’on peut les fabriquer localement, l’inverse n’a pas plus de sens…) est simpliste et je ne sais pas si je dois m’inquiéter de me voir le réaliser ou de son simplisme !!! ;-) Il ne sera jamais question d’envisager de délocaliser la production, mais il est question d’accepter ou non de donner suite aux contacts de professionnels étrangers intéressés par le potentiel de notre marque et de notre démarche.
J’approuve quand on me dit :
- qu’accepter d’exporter c’est promouvoir notre culture française et nos savoir-faire,
- qu’accepter d’exporter c’est une chance de plus de sécuriser les emplois locaux que l’on crée,
- qu’accepter d’exporter de France vers la Chine par exemple c’est contribuer à ré-équilibrer à notre mesure les échanges commerciaux, et donc notre rapport de force politique,
- qu’accepter d’exporter c’est remplir des conteneurs qui rentraient jusque là vides,
- qu’accepter d’exporter c’est promouvoir nos valeurs face aux marques irresponsables.
Merci de notre proximité et de vos commentaires sincères,
Thomas
Mise à jour du 23 mai à 8h05 : Merci pour ces premiers commentaires nocturnes ! En fait je ne me suis pas vraiment posé la question de monter ce projet pour ou contre la mondialisation, et je n’ai en effet pas encore étudié les risques économiques liés à l’export. Ma démarche sur ce sujet est la même que sur chaque problématique :
- quelle matière première choisir ? On a choisi le coton biologique et on travaille sur le coton recyclé.
- est-ce que produire des articles de mode ce n'est pas contribuer à remplir nos poubelles ? On a considéré que notre manière d’entreprendre pouvait participer à réduire nos déchets.
- quelle relation construire avec ses partenaires, et ses clients ? La réponse est ce blog.
- etc... et du coup mon dilemme sur l'export est de déterminer si l’export est un problème en soit ou si c’est la manière de le faire qui est le problème.
Mise à jour du 25 mai à 10h46 : Vos commentaires sont toujours aussi nombreux, c’est vraiment riche de réussir à échanger ainsi. L’export n’est pas un axe que l’on cherche à développer, mais la question se pose pour apporter une réponse juste aux sollicitations que l’on reçoit : des commerçants étrangers sensibles à notre démarche nous contactent pour diffuser nos jeans. Que leur répondre ? Si vos commentaires montrent que nous partageons les valeurs d’éco-conception et de proximité que nous mettons en oeuvre ensemble, je dirais pour résumer que vous voyez deux manières différentes de les servir :
- s’en tenir à une diffusion uniquement locale de nos produits, et partager le concept… mais comment ? Le risque est ici qu’en restant sur une diffusion uniquement locale des jeans, on ne provoque pas les conditions du développement de la démarche.
- utiliser la diffusion de nos produits à l’export pour partager notre démarche… mais où s’arrêter ? Le risque est ici de faire entrer notre projet dans un développement non maîtrisé et contraire à notre démarche.
Comment ? En ajoutant une étiquette (dans la langue du pays) sur nos jeans vendus à l’étranger, qui expliquera notre démarche d’éco-conception et de proximité, et qui proposera notre aide à ceux qui souhaiteraient localement s’y atteler ! La notion d’éphémère est fondamentale pour laisser le moment venu notre place à un futur projet local. Cela contribuera à sécuriser à court terme notre propre outil, et c’est la garantie à moyen/long terme de ne pas fragiliser notre modèle économique en devenant dépendant de ces exportations. Évidemment rien ne dit que cette initiative va marcher, mais il est par contre certain qu’elle ne marchera pas si on ne la tente pas !
Merci à tous, les échanges continuent ;-)
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