Posté le Friday 11 Mar 2016 par thomas
Vous êtes nombreux au rendez-vous de la relocalisation, bien plus qu’on n’en rêvait il n'y a même pas 3 ans. 17 créations d’emplois plus tard, grâce à vos commandes et au bouche à oreille nous voyons que la transparence, la fabrication française et le respect de l’environnement sont concurrents des super promotions, des semaines spéciales et autres "exclusivités exceptionnelles" ! À force d’être prix* pris pour des cons… ommateurs, on finirait par s’en rendre compte ;-)

Grandir c’est bien, durer c’est mieux !

Alors même s’il est confortable pour nous de nous reposer sur leur savoir-faire, et pour eux de se reposer sur nos ventes, cet autoroute est confortable mais ce n’est pas le bon chemin !


Concrètement, notre développement industriel suit notre développement commercial car c’est ce dernier qui finance le premier. Je compare souvent les délocalisations à une tempête qui aurait dévasté une forêt en une nuit, alors qu’il faudra des années pour que chaque arbre repousse. 1083 est comme un petit arbuste qui grandit dans cette foret éparse, entouré de survivants bienveillants. Cette bienveillance est fondamentale car elle nous offre le droit de nous tromper, donc d’essayer, donc de réussir ! Dans ces conditions, à nous d’être cohérents, bons gestionnaires, bons communicants, bons entrepreneurs, pour grandir et durer. Comme sur les enjeux à l'export, il ne s’agit pas là d'être bisounours ni d'être les plus gros, mais de poursuivre notre chemin et de faire la preuve que notre modèle fonctionne !
Quelle stratégie industrielle ?
Il y a 3 ans, en rencontrant Aram et Édouard les fondateurs de l’atelier Création Anais à Marseille, j’ai découvert leur histoire : 2 frères qui créent un atelier de confection de jeans en 1993 -> plusieurs clients -> des embauches et des investissements -> un client qui grandit et devient presque le seul -> des embauches et des investissements -> ce client qui menace de partir -> un atelier qui baisse ses prix -> ce client qui donne son prix -> un atelier qui n’a d’autre choix que d’accepter ce prix -> ce client qui délocalise -> un atelier qui licencie 10 personnes -> de 2004 à 2013 les 2 frères qui survivent avec leur savoir-faire et toutes leurs machines. En 2013, ils ont accepté de confectionner les seulement 400 jeans que je cherchais à fabriquer. Depuis, ensemble on s’organise, on optimise, on réfléchit, on essaie, la confiance est totale. On pourrait se dire qu’en grandissant à Marseille comme à Romans, on se renforce l’un l’autre… mais en même temps qu’on grandit, en réalité on se fragilise. Si nous rencontrions des difficultés ils perdraient d’un coup leur principal client, ou s’ils rencontraient des difficultés nous perdrions d’un coup toutes nos capacités de production : une défaillance entrainerait l’autre… le retour de la tempête.

En route sur l’itinéraire Bis ;-)
Charlotte a intégré l’équipe il y a un an pour gérer la production et assurer l’approvisionnement des matières premières (tissage du denim, teinture, boutons, rivets, étiquettes, etc…), et Aurélie pour s’occuper du développement des patronages et de la qualité. Avec l’atelier on fait le maximum pour lier la production à vos commandes mais vous êtes si nombreux depuis cet automne que, bonne nouvelle, ce n’est pas suffisant ! ;-) Deux nouvelles embauches sont donc en cours de formation par Aram et Édouard, et je veux vous dire ici à quel point votre patience nous aide à organiser durablement cette reconstruction. Par contre ces bonnes nouvelles ne font du coup qu’augmenter notre dépendance l’un à l’autre, alors on a décidé d’emprunter pour l’avenir cet itinéraire Bis -> pour nous aider l’un l’autre à nous diversifier, nous allons partager nos compétences commerciales et de gestion pour aider l’atelier à accueillir d’autres productions, et l’atelier va nous aider à créer à Romans un atelier complémentaire. Pour sauvegarder et même développer ces savoir-faire, on pense assurer ainsi la pérennité de nos 2 structures !

C'est pour cela qu'on recrute en ce moment un(e) premièr(e) mécanicien(ne) de confection à Romans, pour partager entre Marseille et Romans la fabrication de vos commandes. C’est un défi pour l’atelier comme pour nous d’apprendre ces nouveaux métiers ! Cet itinéraire n'a pas l'air très emprunté mais la route semble plutôt bonne... d'autant qu'il s'agit en fait simplement de confiance, de bon sens et d'efficacité économique...
En route ! ;-)
Thomas
* : le fameux coup du prix barré ;-)
Posté dans 1083
Commentaires
Wirette
Posté le 14 févr. 2016 16:13:42
Une modéliste, un atelier de production plus proche, des coupes femmes qui prennent mieux en compte les "grandes" tailles (sérieusement, comment en est-on arrivé à ce que 42 soit une grande taille?)...
Dites, 1083, vous êtes quasiment équipé pour faire dans la demi-mesure! Vous ne vous y lanceriez pas?
Pour les chemises d'homme, on trouve des sites qui le font (et même qui fabriquent en France - Swan et Oscar, par ex).
Ce serait génial, non seulement pour les grandes tailles, mais aussi pour les corps "hors format" - ceux qui naviguent entre plusieurs tailles. Dans mon cas, les hanches font deux tailles de plus que le reste du corps. Ce n'est pas du tout un handicap esthétique. Par contre, avec l'uniformisation des silhouettes pour lesquelles est fait le prêt à porter (je suppose qu'il y a derrière des impératifs de rentabilité), il est devenu vraiment difficile de s'habiller dans cette configuration... A mensuration identiques, il y a dix ans, je pouvais "ruser" entre différentes marques qui correspondaient à des modèles de corps différents. Aujourd'hui, j'ai drôlement moins de choix!
Je ne dois pas être la seule dans ce cas, puisque dans ma ville (Lyon), quelques boutiques de stylistes indépendants se sont sont mis à le faire - elles sortent leur collection, et, moyennement un supplément (20% pour ma préférée), on peut adapter les principales dimensions. Ce n'est pas de la "grande mesure" avec essayages intermédiaires, moulage sur corps, etc, mais ça permet de porter des vêtements confortables et qui tombent bien.
J'imagine que pour vous, ça supposerait la mise en place d'une chaîne d'adaptation / production par complètement simple. Mais il y a un marché! Et puis, le respect de la variété des corps humains, ça fait aussi partie du respect de l'environnement et de la biodiversité, non?
Bon, si vous le faites pas, je continuerai quand même à être épatée par votre aventure et votre éthique (le billet du jour l'illustre de manière impressionnante).
Et je finirai bien par arriver à ruser avec vos jeans hommes, comme je fais avec les Levis - mais il faudrait avoir l'occasion de passer à Grenoble ou à Romans... Ou alors je le coudrai, votre jean (il va falloir que je progresse encore un peu : le jean, ce n'est pas pas un truc de débutant, même avancé).
Mais si vous vous lanciez dans l'aventure, ce serait absolument génial...
paratte
Posté le 8 févr. 2016 00:37:01
J'ai découvert vos produits dont la qualité , les couleur et la texture paraissent très agréables.
Je ne suis pas passé à l'achat car, pour la période hivernale et en zone de montagne, il serait judicieux de créer des produits avec un doublure jusqu'au niveau des cuisses. Y a-t-il des obstacles à cette innovation, à mon sens, très utile ?
Carole
Posté le 5 févr. 2016 16:13:16
mais que ça fait du bien de voir de la bienveillance dans un milieu où cette notion semblait méconnue !! Mille mercis, enfin, mille quatre vingts trois serait plus adapté ;-)
Anne
Posté le 5 févr. 2016 12:06:46
Au lieu d'écraser l'autre comme ça se fait svt dans les affaires, vous vous entraidez pour grandir, et chacun prend les forces de l'autre pour se développer. Toujours de belles idées stratégiques de la part de 1083... Thomas, tu ferais pas de l'audit/conseil pour les jeunes structures qui démarrent.......? :-)
Estran
Posté le 3 févr. 2016 19:42:14
Bravo ! Contre la dépendance économique vous mettez l'interdépendance des croissances comme solution.
Simple et efficace.
CQFD
Gaët
Posté le 3 févr. 2016 17:10:59
Sans le savoir Thomas, tu fais de la permaculture humaine, ou plutôt de la permaculture industrielle.
Tu augmentes la résilience de ton système.
Good job